Ils tressaillent souvent a la claire voix d'or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain metallique en son globe de verre.
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain metallique en son globe de verre.
Rimbaud - Poesie Completes
) mais vierge
de toute platitude ou decadence--comme il fut un homme mort jeune aussi
[(a trente] sept ans [le] 10 Novembre 1891 a l'hopital de la Conception
de Marseille), mais dans son voeu bien formule d'independance et de haut
dedain de n'importe quelle adhesion a ce qu'il ne lui plaisait pas de
faire ni d'etre.
Paul VERLAINE.
POESIES COMPLETES
DE CE LIVRE
IL A ETE TIRE
_25 exemplaires numerotes sur hollande. _
ARTHUR RIMBAUD
POESIES
COMPLETES
PARIS
LEON VANIER, LIBRAIRE-EDITEUR 19, QUAI SAINT-MICHEL, 19
1895
Tous droits reserves.
LES ETRENNES DES ORPHELlNS
I
La chambre est pleine d'ombre; on entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encor, alourdi par le reve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se souleve. . .
--Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux;
Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux;
Et la nouvelle annee, a la suite brumeuse,
Laissant trainer les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant. . .
II
Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils ecoutent, pensifs, comme un lointain murmure. . .
Ils tressaillent souvent a la claire voix d'or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain metallique en son globe de verre. . .
--Puis, la chambre est glacee. . . on voit trainer a terre,
Epars autour des lits, des vetements de deuil:
L'apre bise d'hiver qui se lamente au seuil,
Souffle dans le logis son haleine morose!
On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose. . .
--Il n'est donc point de mere a ces petits enfants,
De mere au frais sourire, aux regards triomphants?
Elle a donc oublie, le soir, seule et penchee,
D'exciter une flamme a la cendre arrachee,
D'amonceler sur eux la laine et l'edredon
Avant de les quitter en leur criant: pardon.
Elle n'a point prevu la froideur matinale,
Ni bien ferme le seuil a la bise hivernale? . . .
de toute platitude ou decadence--comme il fut un homme mort jeune aussi
[(a trente] sept ans [le] 10 Novembre 1891 a l'hopital de la Conception
de Marseille), mais dans son voeu bien formule d'independance et de haut
dedain de n'importe quelle adhesion a ce qu'il ne lui plaisait pas de
faire ni d'etre.
Paul VERLAINE.
POESIES COMPLETES
DE CE LIVRE
IL A ETE TIRE
_25 exemplaires numerotes sur hollande. _
ARTHUR RIMBAUD
POESIES
COMPLETES
PARIS
LEON VANIER, LIBRAIRE-EDITEUR 19, QUAI SAINT-MICHEL, 19
1895
Tous droits reserves.
LES ETRENNES DES ORPHELlNS
I
La chambre est pleine d'ombre; on entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encor, alourdi par le reve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se souleve. . .
--Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux;
Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux;
Et la nouvelle annee, a la suite brumeuse,
Laissant trainer les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant. . .
II
Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils ecoutent, pensifs, comme un lointain murmure. . .
Ils tressaillent souvent a la claire voix d'or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain metallique en son globe de verre. . .
--Puis, la chambre est glacee. . . on voit trainer a terre,
Epars autour des lits, des vetements de deuil:
L'apre bise d'hiver qui se lamente au seuil,
Souffle dans le logis son haleine morose!
On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose. . .
--Il n'est donc point de mere a ces petits enfants,
De mere au frais sourire, aux regards triomphants?
Elle a donc oublie, le soir, seule et penchee,
D'exciter une flamme a la cendre arrachee,
D'amonceler sur eux la laine et l'edredon
Avant de les quitter en leur criant: pardon.
Elle n'a point prevu la froideur matinale,
Ni bien ferme le seuil a la bise hivernale? . . .