Dehors le mur est plein d'aristoloches
Ou vibrent les gencives des lutins.
Ou vibrent les gencives des lutins.
Rimbaud - Poesie Completes
Si un rayon me blesse,
Je succomberai sur la mousse.
Qu'on patiente et qu'on s'ennuie,
C'est si simple! . . . Fi de ces peines!
Je veux que l'ete dramatique
Me lie a son char de fortune.
Que par toi beaucoup, o Nature,
--Ah! moins nul et moins seul! je meure,
Au lieu que les bergers, c'est drole,
Meurent a peu pres par le monde.
Je veux bien que les saisons m'usent.
A toi, Nature! je me rends,
Et ma faim et toute ma soif;
Et s'il te plait, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m'illusionne;
C'est rire aux parents qu'au soleil;
Mais moi je ne veux rire a rien,
Et libre soit cette infortune.
JEUNE MENAGE
La chambre est ouverte au ciel bleu turquin;
Pas de place: des coffrets et des huches!
Dehors le mur est plein d'aristoloches
Ou vibrent les gencives des lutins.
Que ce sont bien intrigues de genies
Cette depense et ces desordres vains!
C'est la fee africaine qui fournit
La mure, et les resilles dans les coins.
Plusieurs entrent, marraines mecontentes,
En pans de lumiere dans les buffets,
Puis y restent! le menage s'absente
Peu serieusement, et rien ne se fait.
Le marie a le vent qui le floue
Pendant son absence, ici, tout le temps.
Meme des esprits des eaux malfaisants
Entrent vaguer aux spheres de l'alcove.
La nuit, l'amie oh, la lune de miel
Cueillera leur sourire et remplira
De mille bandeaux de cuivre le ciel.
Puis ils auront affaire au malin rat.
--S'il n'arrive pas un feu follet bleme,
Comme un coup de fusil, apres des vepres.
--O spectres saints et blancs de Bethleem,
Charmez plutot le bleu de leur fenetre!
27 juin 1872.
MEMOIRE
I
L'eau claire; comme le sel des larmes d'enfance;
L'assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes;
La soie, en foule et de lys pur des oriflammes
Sous les murs dont quelque pucelle eut la defense;
L'ebat des anges;--non. . . le courant d'or en marche,
Meut ses bras, noirs, et lourds, et frais surtout, d'herbe.
Je succomberai sur la mousse.
Qu'on patiente et qu'on s'ennuie,
C'est si simple! . . . Fi de ces peines!
Je veux que l'ete dramatique
Me lie a son char de fortune.
Que par toi beaucoup, o Nature,
--Ah! moins nul et moins seul! je meure,
Au lieu que les bergers, c'est drole,
Meurent a peu pres par le monde.
Je veux bien que les saisons m'usent.
A toi, Nature! je me rends,
Et ma faim et toute ma soif;
Et s'il te plait, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m'illusionne;
C'est rire aux parents qu'au soleil;
Mais moi je ne veux rire a rien,
Et libre soit cette infortune.
JEUNE MENAGE
La chambre est ouverte au ciel bleu turquin;
Pas de place: des coffrets et des huches!
Dehors le mur est plein d'aristoloches
Ou vibrent les gencives des lutins.
Que ce sont bien intrigues de genies
Cette depense et ces desordres vains!
C'est la fee africaine qui fournit
La mure, et les resilles dans les coins.
Plusieurs entrent, marraines mecontentes,
En pans de lumiere dans les buffets,
Puis y restent! le menage s'absente
Peu serieusement, et rien ne se fait.
Le marie a le vent qui le floue
Pendant son absence, ici, tout le temps.
Meme des esprits des eaux malfaisants
Entrent vaguer aux spheres de l'alcove.
La nuit, l'amie oh, la lune de miel
Cueillera leur sourire et remplira
De mille bandeaux de cuivre le ciel.
Puis ils auront affaire au malin rat.
--S'il n'arrive pas un feu follet bleme,
Comme un coup de fusil, apres des vepres.
--O spectres saints et blancs de Bethleem,
Charmez plutot le bleu de leur fenetre!
27 juin 1872.
MEMOIRE
I
L'eau claire; comme le sel des larmes d'enfance;
L'assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes;
La soie, en foule et de lys pur des oriflammes
Sous les murs dont quelque pucelle eut la defense;
L'ebat des anges;--non. . . le courant d'or en marche,
Meut ses bras, noirs, et lourds, et frais surtout, d'herbe.