les grands pres,
La grande campagne amoureuse!
La grande campagne amoureuse!
Rimbaud - Poesie Completes
.
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d'amour
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Fremir des chairs;
Tu plongerais dans la luzerne
Ton long peignoir,
Divine avec ce bleu qui cerne
Ton grand oeil noir,
Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou!
Riant a moi, brutal d'ivresse,
Qui te prendrais
Comme cela,--la belle tresse,
Oh! --qui boirais
Ton gout de framboise et de fraise,
O chair de fleur!
Riant au vent vif qui te baise
Comme un voleur!
Au rose eglantier qui t'embete
Aimablement. . .
Riant surtout, o folle tete,
A ton amant! . . .
Dix-sept ans! Tu seras heureuse!
Oh!
les grands pres,
La grande campagne amoureuse!
--Dis, viens plus pres! . . .
Ta poitrine sur ma poitrine,
Melant nos voix,
Lents, nous gagnerions la ravine,
Puis les grands bois! . . .
Puis, comme une petite morte,
Le coeur pame,
Tu me dirais que je te porte,
L'oeil mi-ferme. . .
Je te porterais, palpitante
Dans le sentier. . .
L'oiseau filerait son andante,
Joli portier.
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d'amour
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Fremir des chairs;
Tu plongerais dans la luzerne
Ton long peignoir,
Divine avec ce bleu qui cerne
Ton grand oeil noir,
Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou!
Riant a moi, brutal d'ivresse,
Qui te prendrais
Comme cela,--la belle tresse,
Oh! --qui boirais
Ton gout de framboise et de fraise,
O chair de fleur!
Riant au vent vif qui te baise
Comme un voleur!
Au rose eglantier qui t'embete
Aimablement. . .
Riant surtout, o folle tete,
A ton amant! . . .
Dix-sept ans! Tu seras heureuse!
Oh!
les grands pres,
La grande campagne amoureuse!
--Dis, viens plus pres! . . .
Ta poitrine sur ma poitrine,
Melant nos voix,
Lents, nous gagnerions la ravine,
Puis les grands bois! . . .
Puis, comme une petite morte,
Le coeur pame,
Tu me dirais que je te porte,
L'oeil mi-ferme. . .
Je te porterais, palpitante
Dans le sentier. . .
L'oiseau filerait son andante,
Joli portier.