Mon canot
toujours
fixe; et sa chaine tiree
Au fond de cet oeil d'eau sans bords--a quelle boue?
Au fond de cet oeil d'eau sans bords--a quelle boue?
Rimbaud - Poesie Completes
apres le depart de l'homme!
IV
Regrets des bras epais et jeunes d'herbe pure!
Or des lunes d'avril au coeur du saint lit! Joie
Des chantiers riverains a l'abandon, en proie
Aux soirs d'aout qui faisaient germer ces pourritures!
Qu'elle pleure a present sous les remparts: l'haleine
Des peupliers d'en haut est pour la seule brise.
Amis, c'est la nappe, sans reflets, sans source, grise--
Un vieux dragueur, dans sa barque immobile, peine.
V
Jouet de cet oeil d'eau morne, je n'y puis prendre,
O canot immobile! o bras trop courts! ni l'une
Ni l'autre fleur; ni la jaune qui m'importune,
La; ni la bleue, amis, a l'eau couleur de cendre.
Ah! la poudre des saules qu'une aile secoue!
Les roses des roseaux des longtemps devorees! . . .
Mon canot toujours fixe; et sa chaine tiree
Au fond de cet oeil d'eau sans bords--a quelle boue?
Est-elle almee? . . . aux premieres heures bleues
Se detruira-t-elle comme les fleurs feues. . .
Devant la splendide etendue ou l'on sente
Souffler la ville enormement florissante!
C'est trop beau! c'est trop beau! mais c'est necessaire
--Pour la Pecheuse et la chanson du corsaire,
Et aussi puisque les derniers masques crurent
Encore aux fetes de nuit sur la mer pure!
Juillet 1872
FETES DE LA FAIM
Ma faim, Anne, Anne,
Fuis sur ton ane.
Si j'ai du gout, ce n'est gueres
Que pour la terre et les pierres
Dinn! dinn! dinn!
IV
Regrets des bras epais et jeunes d'herbe pure!
Or des lunes d'avril au coeur du saint lit! Joie
Des chantiers riverains a l'abandon, en proie
Aux soirs d'aout qui faisaient germer ces pourritures!
Qu'elle pleure a present sous les remparts: l'haleine
Des peupliers d'en haut est pour la seule brise.
Amis, c'est la nappe, sans reflets, sans source, grise--
Un vieux dragueur, dans sa barque immobile, peine.
V
Jouet de cet oeil d'eau morne, je n'y puis prendre,
O canot immobile! o bras trop courts! ni l'une
Ni l'autre fleur; ni la jaune qui m'importune,
La; ni la bleue, amis, a l'eau couleur de cendre.
Ah! la poudre des saules qu'une aile secoue!
Les roses des roseaux des longtemps devorees! . . .
Mon canot toujours fixe; et sa chaine tiree
Au fond de cet oeil d'eau sans bords--a quelle boue?
Est-elle almee? . . . aux premieres heures bleues
Se detruira-t-elle comme les fleurs feues. . .
Devant la splendide etendue ou l'on sente
Souffler la ville enormement florissante!
C'est trop beau! c'est trop beau! mais c'est necessaire
--Pour la Pecheuse et la chanson du corsaire,
Et aussi puisque les derniers masques crurent
Encore aux fetes de nuit sur la mer pure!
Juillet 1872
FETES DE LA FAIM
Ma faim, Anne, Anne,
Fuis sur ton ane.
Si j'ai du gout, ce n'est gueres
Que pour la terre et les pierres
Dinn! dinn! dinn!