Voici
toujours
_ma_ phrase sur les jambes en question, extraite des
_Homme d'aujourd'hui_.
_Homme d'aujourd'hui_.
Rimbaud - Poesie Completes
.
_
Rimbaud eut le tort incontestable de protester d'abord entre haut et bas
contre la prolongation d'a la fin abusives recitations. Sur quoi M.
Etienne Carjat, le photographe poete de qui le recitateur etait l'ami
litteraire et artistique, s'interposa trop vite et trop vivement a mon
gre, traitant l'interrupteur de gamin. Rimbaud qui ne savait supporter
la boisson, et que l'on avait contracte dans ces <<agapes>> pourtant
moderees, la mauvaise habitude de gater au point de vue du vin et des
liqueurs,--Rimbaud qui se trouvait gris, prit mal la chose, se saisit
d'une canne a epee a moi qui etait derriere nous, voisins immediats et,
par-dessus la table large de pres de deux metres, dirigea vers M. Carjat
qui se trouvait en face ou tout comme, la lame degainee qui ne fit pas
heureusement de tres grands ravages, puisque le sympathique ex-directeur
du _Boulevard_ ne recut, si j'en crois ma memoire qui est excellente
dans ce cas, qu'une eraflure tres legere a une main.
Neanmoins l'alarme fut grande et la tentative tres regrettable, vite et
plus vite encore reprimee. J'arrachai la lame au furieux, la brisai sur
mon genou et confiai, devant rentrer de tres bonne heure chez moi, le
[<<gamin>>] a moitie degrise maintenant, au peintre bien connu, Michel de
l'Hay, alors deja un solide gaillard en outre d'un tout jeune homme des
plus remarquablement beaux qu'il soit donne de voir, qui eut tot fait de
reconduire a son domicile de la rue Campagne-Premiere, en le chapitrant
d'importance, notre jeune intoxique de qui l'acces de colere ne tarda
pas a se dissiper tout a fait, avec les fumees du vin et de l'alcool,
dans le sommeil reparateur de la seizieme annee.
Avant de <<lacher>> tout a fait M. Charles Maurras, je lui demanderai de
expliquer sur un malheureux membre de phrase de lui me concernant.
A propos de la question d'ailleurs subsidiaire de savoir si Rimbaud
etait beau ou laid, M. Maurras qui ne l'a jamais vu et qui le trouve
laid, d'apres des temoins <<plus rassis>> que votre serviteur, me
blamerait presque, ma parole d'honneur! d'avoir dit qu'il avait
(Rimbaud) un visage parfaitement ovale d'ange en exil, une forte bouche
rouge au pli amer et (_in cauda venenum! _) des <<jambes sans rivales>>.
Ca c'est, je veux bien le croire, idiot sans plus, autrement, quoi?
Voici toujours _ma_ phrase sur les jambes en question, extraite des
_Homme d'aujourd'hui_. Au surplus, lisez toute la petite biographie.
Elle repond a tout d'_avance_, et coute deux sous.
<<. . . Des projets pour la Russie, une anicroche a Vienne (Autriche),
quelques mois en France, d'Arras et Douai a Marseille, et le Senegal
vers lequel berce par un naufrage[;] puis la Hollande, 1879-80; vu
decharger des voitures de moisson dans une ferme a sa mere, entre
Attigny et Vouziers, et arpenter ces routes maigres de ses <<JAMBES SANS
RIVALES>>.
Voyons, M. Maurras, est-ce bien de bonne foi votre confusion entre
infatigabilite. . . et autre chose?
--Ouf! j'en ai fini avec les petites (et grosses) infamies qui, de
regions pretendues uniquement litteraires, s'insinueraient dans la vie
privee pour s'y installer, et veuillez, lecteur, me permettre de
m'etendre un peu, maintenant qu'on a brule quelque sucre, sur le pur
plaisir intellectuel de vous parler du present ouvrage qu'on peut ne pas
aimer, ni meme admirer, mais qui a droit a tout respect en tout
consciencieux examen?
On a laisse les pieces objectionables au point de vue bourgeois, car le
point de vue chretien et surtout catholique dont je m'honore d'etre un
des plus indignes peut-etre mais a coup sur le plus sincere tenant, me
semble superieur et doit etre ecarte--j'entends, notamment les
_Premieres Communions_, les _Pauvres a l'eglise_ (pour mon compte,
j'eusse neglige cette piece brutale ayant pourtant ceci:
_. .
Rimbaud eut le tort incontestable de protester d'abord entre haut et bas
contre la prolongation d'a la fin abusives recitations. Sur quoi M.
Etienne Carjat, le photographe poete de qui le recitateur etait l'ami
litteraire et artistique, s'interposa trop vite et trop vivement a mon
gre, traitant l'interrupteur de gamin. Rimbaud qui ne savait supporter
la boisson, et que l'on avait contracte dans ces <<agapes>> pourtant
moderees, la mauvaise habitude de gater au point de vue du vin et des
liqueurs,--Rimbaud qui se trouvait gris, prit mal la chose, se saisit
d'une canne a epee a moi qui etait derriere nous, voisins immediats et,
par-dessus la table large de pres de deux metres, dirigea vers M. Carjat
qui se trouvait en face ou tout comme, la lame degainee qui ne fit pas
heureusement de tres grands ravages, puisque le sympathique ex-directeur
du _Boulevard_ ne recut, si j'en crois ma memoire qui est excellente
dans ce cas, qu'une eraflure tres legere a une main.
Neanmoins l'alarme fut grande et la tentative tres regrettable, vite et
plus vite encore reprimee. J'arrachai la lame au furieux, la brisai sur
mon genou et confiai, devant rentrer de tres bonne heure chez moi, le
[<<gamin>>] a moitie degrise maintenant, au peintre bien connu, Michel de
l'Hay, alors deja un solide gaillard en outre d'un tout jeune homme des
plus remarquablement beaux qu'il soit donne de voir, qui eut tot fait de
reconduire a son domicile de la rue Campagne-Premiere, en le chapitrant
d'importance, notre jeune intoxique de qui l'acces de colere ne tarda
pas a se dissiper tout a fait, avec les fumees du vin et de l'alcool,
dans le sommeil reparateur de la seizieme annee.
Avant de <<lacher>> tout a fait M. Charles Maurras, je lui demanderai de
expliquer sur un malheureux membre de phrase de lui me concernant.
A propos de la question d'ailleurs subsidiaire de savoir si Rimbaud
etait beau ou laid, M. Maurras qui ne l'a jamais vu et qui le trouve
laid, d'apres des temoins <<plus rassis>> que votre serviteur, me
blamerait presque, ma parole d'honneur! d'avoir dit qu'il avait
(Rimbaud) un visage parfaitement ovale d'ange en exil, une forte bouche
rouge au pli amer et (_in cauda venenum! _) des <<jambes sans rivales>>.
Ca c'est, je veux bien le croire, idiot sans plus, autrement, quoi?
Voici toujours _ma_ phrase sur les jambes en question, extraite des
_Homme d'aujourd'hui_. Au surplus, lisez toute la petite biographie.
Elle repond a tout d'_avance_, et coute deux sous.
<<. . . Des projets pour la Russie, une anicroche a Vienne (Autriche),
quelques mois en France, d'Arras et Douai a Marseille, et le Senegal
vers lequel berce par un naufrage[;] puis la Hollande, 1879-80; vu
decharger des voitures de moisson dans une ferme a sa mere, entre
Attigny et Vouziers, et arpenter ces routes maigres de ses <<JAMBES SANS
RIVALES>>.
Voyons, M. Maurras, est-ce bien de bonne foi votre confusion entre
infatigabilite. . . et autre chose?
--Ouf! j'en ai fini avec les petites (et grosses) infamies qui, de
regions pretendues uniquement litteraires, s'insinueraient dans la vie
privee pour s'y installer, et veuillez, lecteur, me permettre de
m'etendre un peu, maintenant qu'on a brule quelque sucre, sur le pur
plaisir intellectuel de vous parler du present ouvrage qu'on peut ne pas
aimer, ni meme admirer, mais qui a droit a tout respect en tout
consciencieux examen?
On a laisse les pieces objectionables au point de vue bourgeois, car le
point de vue chretien et surtout catholique dont je m'honore d'etre un
des plus indignes peut-etre mais a coup sur le plus sincere tenant, me
semble superieur et doit etre ecarte--j'entends, notamment les
_Premieres Communions_, les _Pauvres a l'eglise_ (pour mon compte,
j'eusse neglige cette piece brutale ayant pourtant ceci:
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