Il nous
est difficile de savoir pourquoi Verlaine a corrige <> en <
voile>>, ou s'agit-il d'un moment d'inattention?
est difficile de savoir pourquoi Verlaine a corrige <
Rimbaud - Poesie Completes
Elle avait le bleu regard,--qui ment!
A sept ans, il faisait des romans sur la vie
Du grand desert, ou luit la Liberte ravie,
Forets, soleils, rives, savanes! --Il s'aidait
De journaux illustres ou, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
--Huit ans,--la fille des ouvriers d'a cote,
La petite brutale, et qu'elle avait saute,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il etait sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons;
--Et, par elle meurtri des poings et des talons
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
Il craignait les blafards dimanches de decembre,
Ou, pommade, sur un gueridon d'acajou,
Il lisait une Bible a la tranche vert-chou;
Des reves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcove.
Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Ou les crieurs, en trois roulements de tambour
Font autour des edits rire et gronder les foules.
--Il revait la prairie amoureuse, ou des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor!
Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, acrement prise d'humidite,
Il lisait son roman sans cesse medite,
Plein de lourds ciels ocreux et de forets noyees,
De fleurs de chair aux bois siderals deployees,
Vertige, ecroulements, deroutes et pitie!
--Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas,--seul, et couche sur des pieces de toile
Ecrue, et pressentant violemment le voile!
26 mai 1871.
[Note (Project Gutenberg).
On nous a fait savoir que le terme "le voile" dans la derniere ligne du
poeme <<LES POETES DE SEPT ANS>>, doit etre corrigee en "la voile".
D'apres nos recherches, le poeme ecrit en 1871 se terminait en effet sur
les mots "la voile".
La presente edition de 1895 a ete corrigee de la main de Verlaine, sur
des epreuves fournies par l'imprimerie Ch. Herissey a Evreux.
Il nous
est difficile de savoir pourquoi Verlaine a corrige <> en <
voile>>, ou s'agit-il d'un moment d'inattention?
Ce qui est certain, notre edition marque bien <<le voile>>. ]
LE COEUR VOLE
Mon pauvre coeur bave a la poupe,
Mon coeur est plein de caporal;
Ils lui lancent des jets de soupe,
Mon triste coeur bave a la poupe.
Sous les quolibets de la troupe
Qui pousse un rire general,
Mon triste coeur brave a la poupe
Mon coeur est plein de caporal!
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l'ont deprave.
A la vespree, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques,
O flots abracadabrantesques
Prenez mon coeur, qu'il soit sauve!
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l'ont deprave!
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, o coeur vole?
Ce seront des refrains bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques.
J'aurai des sursauts stomachiques
Si mon coeur triste est ravale:
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, o coeur vole?
TETE DE FAUNE
Dans la feuillee, ecrin vert tache d'or,
Dans la feuillee incertaine et fleurie,
D'enormes fleurs ou l'acre baiser dort
Vif et devant l'exquise broderie,
Le Faune affole montre ses grands yeux
Et mord la fleur rouge avec ses dents blanches
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,
Sa levre eclate en rires par les branches;
Et quand il a fui, tel un ecureuil,
Son rire perle encore a chaque feuille
Et l'on croit epeure par un bouvreuil
Le baiser d'or du bois qui se recueille.
POISON PERDU
Des nuits du blond et de la brune
Pas un souvenir n'est reste;
Pas une dentelle d'ete,
Pas une cravate commune.
Et sur le balcon, ou le the
Se prend aux heures de la lune,
Il n'est reste de trace aucune,
Aucun souvenir n'est reste,
Au bord d'un rideau bleu piquee,
Luit une epingle a tete d'or
Comme un gros insecte qui dort,
Pointe d'un fin poison trempee,
Je te prends, sois-moi preparee
Aux heures des desirs de mort.
LES CORBEAUX
Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand dans les hameaux abattus,
Les longs angelus se sont tus
Sur la nature defleurie,
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux delicieux.
Armee etrange aux cris severes,
Les vents froids attaquent vos nids!
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fosses et sur les trous,
Dispersez-vous, ralliez-vous!
A sept ans, il faisait des romans sur la vie
Du grand desert, ou luit la Liberte ravie,
Forets, soleils, rives, savanes! --Il s'aidait
De journaux illustres ou, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
--Huit ans,--la fille des ouvriers d'a cote,
La petite brutale, et qu'elle avait saute,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il etait sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons;
--Et, par elle meurtri des poings et des talons
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
Il craignait les blafards dimanches de decembre,
Ou, pommade, sur un gueridon d'acajou,
Il lisait une Bible a la tranche vert-chou;
Des reves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcove.
Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Ou les crieurs, en trois roulements de tambour
Font autour des edits rire et gronder les foules.
--Il revait la prairie amoureuse, ou des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor!
Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, acrement prise d'humidite,
Il lisait son roman sans cesse medite,
Plein de lourds ciels ocreux et de forets noyees,
De fleurs de chair aux bois siderals deployees,
Vertige, ecroulements, deroutes et pitie!
--Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas,--seul, et couche sur des pieces de toile
Ecrue, et pressentant violemment le voile!
26 mai 1871.
[Note (Project Gutenberg).
On nous a fait savoir que le terme "le voile" dans la derniere ligne du
poeme <<LES POETES DE SEPT ANS>>, doit etre corrigee en "la voile".
D'apres nos recherches, le poeme ecrit en 1871 se terminait en effet sur
les mots "la voile".
La presente edition de 1895 a ete corrigee de la main de Verlaine, sur
des epreuves fournies par l'imprimerie Ch. Herissey a Evreux.
Il nous
est difficile de savoir pourquoi Verlaine a corrige <
Ce qui est certain, notre edition marque bien <<le voile>>. ]
LE COEUR VOLE
Mon pauvre coeur bave a la poupe,
Mon coeur est plein de caporal;
Ils lui lancent des jets de soupe,
Mon triste coeur bave a la poupe.
Sous les quolibets de la troupe
Qui pousse un rire general,
Mon triste coeur brave a la poupe
Mon coeur est plein de caporal!
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l'ont deprave.
A la vespree, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques,
O flots abracadabrantesques
Prenez mon coeur, qu'il soit sauve!
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l'ont deprave!
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, o coeur vole?
Ce seront des refrains bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques.
J'aurai des sursauts stomachiques
Si mon coeur triste est ravale:
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, o coeur vole?
TETE DE FAUNE
Dans la feuillee, ecrin vert tache d'or,
Dans la feuillee incertaine et fleurie,
D'enormes fleurs ou l'acre baiser dort
Vif et devant l'exquise broderie,
Le Faune affole montre ses grands yeux
Et mord la fleur rouge avec ses dents blanches
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,
Sa levre eclate en rires par les branches;
Et quand il a fui, tel un ecureuil,
Son rire perle encore a chaque feuille
Et l'on croit epeure par un bouvreuil
Le baiser d'or du bois qui se recueille.
POISON PERDU
Des nuits du blond et de la brune
Pas un souvenir n'est reste;
Pas une dentelle d'ete,
Pas une cravate commune.
Et sur le balcon, ou le the
Se prend aux heures de la lune,
Il n'est reste de trace aucune,
Aucun souvenir n'est reste,
Au bord d'un rideau bleu piquee,
Luit une epingle a tete d'or
Comme un gros insecte qui dort,
Pointe d'un fin poison trempee,
Je te prends, sois-moi preparee
Aux heures des desirs de mort.
LES CORBEAUX
Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand dans les hameaux abattus,
Les longs angelus se sont tus
Sur la nature defleurie,
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux delicieux.
Armee etrange aux cris severes,
Les vents froids attaquent vos nids!
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fosses et sur les trous,
Dispersez-vous, ralliez-vous!