Et, comme des chevaux, en
soufflant
des narines
Nous allions, fiers et forts, et ca nous battait la.
Nous allions, fiers et forts, et ca nous battait la.
Rimbaud - Poesie Completes
--Tu vois bien, c'est stupide.
Tu crois que j'aime voir ta baraque splendide,
Tes officiers dores, tes mille chenapans,
Tes palsembleu batards tournant comme des paons:
Ils ont rempli ton nid de l'odeur de nos filles
Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles
Et nous dirons: C'est bien; les pauvres a genoux!
Nous dorerons ton Louvre en donnant nos gros sous!
Et tu te souleras, tu feras belle fete.
--Et ces Messieurs riront, les reins sur notre tete!
<<Non. Ces saletes-la datent de nos papas!
Oh! Le Peuple n'est plus une putain. Trois pas
Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussiere.
Cette bete suait du sang a chaque pierre
Et c'etait degoutant, la Bastille debout
Avec ses murs lepreux qui nous racontaient tout
Et, toujours, nous tenaient enfermes dans leur ombre!
--Citoyen! citoyen! c'etait le passe sombre
Qui croulait, qui ralait, quand nous primes la tour
Nous avions quelque chose au coeur comme l'amour.
Nous avions embrasse nos fils sur nos poitrines.
Et, comme des chevaux, en soufflant des narines
Nous allions, fiers et forts, et ca nous battait la. . .
Nous marchions au soleil, front haut; comme cela,
Dans Paris! On venait devant nos vestes sales.
Enfin! Nous nous sentions Hommes! Nous etions pales
Sire, nous etions souls de terribles espoirs:
Et quand nous fumes la, devant les donjons noirs,
Agitant nos clairons et nos feuilles de chene,
Les piques a la main; nous n'eumes pas de haine,
--Nous nous sentions si forts, nous voulions etre doux!
. . . . . . . .
Tu crois que j'aime voir ta baraque splendide,
Tes officiers dores, tes mille chenapans,
Tes palsembleu batards tournant comme des paons:
Ils ont rempli ton nid de l'odeur de nos filles
Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles
Et nous dirons: C'est bien; les pauvres a genoux!
Nous dorerons ton Louvre en donnant nos gros sous!
Et tu te souleras, tu feras belle fete.
--Et ces Messieurs riront, les reins sur notre tete!
<<Non. Ces saletes-la datent de nos papas!
Oh! Le Peuple n'est plus une putain. Trois pas
Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussiere.
Cette bete suait du sang a chaque pierre
Et c'etait degoutant, la Bastille debout
Avec ses murs lepreux qui nous racontaient tout
Et, toujours, nous tenaient enfermes dans leur ombre!
--Citoyen! citoyen! c'etait le passe sombre
Qui croulait, qui ralait, quand nous primes la tour
Nous avions quelque chose au coeur comme l'amour.
Nous avions embrasse nos fils sur nos poitrines.
Et, comme des chevaux, en soufflant des narines
Nous allions, fiers et forts, et ca nous battait la. . .
Nous marchions au soleil, front haut; comme cela,
Dans Paris! On venait devant nos vestes sales.
Enfin! Nous nous sentions Hommes! Nous etions pales
Sire, nous etions souls de terribles espoirs:
Et quand nous fumes la, devant les donjons noirs,
Agitant nos clairons et nos feuilles de chene,
Les piques a la main; nous n'eumes pas de haine,
--Nous nous sentions si forts, nous voulions etre doux!
. . . . . . . .