l'orgueil plus bienveillant que les
charites
perdues.
Rimbaud - Poesie Completes
.
Et si l'Adoration s'en va,
sonne, sa promesse sonne: <<Arriere ces superstitions, ces anciens corps,
ces menages et ces ages. C'est cette epoque-ci qui a sombre! >>
Il ne s'en ira pas, il ne redescendra pas d'un ciel, il n'accomplira pas
la redemption des coleres de femmes et des gaites des hommes et de tout
ce peche: car c'est fait, lui etant, et etant aime.
O ses souffles, ses tetes, ses courses; la terrible celerite de la
perfection des formes et de l'action.
O fecondite de l'esprit et immensite de l'univers!
Son corps! Le degagement reve le brisement de la grace croisee de
violence nouvelle! sa vue, sa vue! tous les agenouillages anciens et les
peines _releves_ a sa suite.
Son jour! l'abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la
musique plus intense.
Son pas! les migrations plus enormes que les anciennes invasions.
O Lui et nous!
l'orgueil plus bienveillant que les charites perdues.
O monde! et le chant clair des malheurs nouveaux!
Il nous a connus tous et nous a tous tous aime. Sachons, cette nuit
d'hiver, de cap en cap, du pole tumultueux au chateau, de la foule a la
plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le heler et le
voir, et le renvoyer, et sous les marees et au haut des deserts de
neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour.
IV
JEUNESSE
I
DIMANCHE
Les calculs de cote, l'inevitable descente du ciel, la visite des
souvenirs et la seance des rythmes occupent la demeure, la tete et le
monde de l'esprit.
--Un cheval detale sur le turf suburbain, le long des cultures et des
boisements, perce par la peste carbonique. Une miserable femme de drame,
quelque part dans le monde soupire apres les abandons improbables. Les
desperadves languissent apres l'orage, l'ivresse et les blessures. De
petits enfants etouffent des maledictions le long des rivieres.
Reprenons l'etude au bruit de l'oeuvre devorante qui se rassemble et se
monte dans les masses.
II
SONNET
_Homme_ de constitution ordinaire, la chair n'etait-elle pas un fruit
pendu dans le verger, o journees enfantes! le corps un tresor a
prodiguer; o aimer, le peril ou la force de Psyche? La terre avait des
versants fertiles en princes et en artistes, et la descendance et la
race nous poussaient aux crimes et aux deuils: ce monde votre fortune et
votre peril. Mais a present, le labeur comble, toi, tes calculs, toi,
tes impatiences, ne sont plus que votre danse et votre voix, non fixees
et point forcees, quoique d'un double evenement d'invention et de succes
une liaison, en l'humanite fraternelle est discrete par l'univers sans
images;--la force et le droit reflechissent la danse et la voix a
present seulement appreciees.
III
VINGT ANS
Les voix instructives exilees.
sonne, sa promesse sonne: <<Arriere ces superstitions, ces anciens corps,
ces menages et ces ages. C'est cette epoque-ci qui a sombre! >>
Il ne s'en ira pas, il ne redescendra pas d'un ciel, il n'accomplira pas
la redemption des coleres de femmes et des gaites des hommes et de tout
ce peche: car c'est fait, lui etant, et etant aime.
O ses souffles, ses tetes, ses courses; la terrible celerite de la
perfection des formes et de l'action.
O fecondite de l'esprit et immensite de l'univers!
Son corps! Le degagement reve le brisement de la grace croisee de
violence nouvelle! sa vue, sa vue! tous les agenouillages anciens et les
peines _releves_ a sa suite.
Son jour! l'abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la
musique plus intense.
Son pas! les migrations plus enormes que les anciennes invasions.
O Lui et nous!
l'orgueil plus bienveillant que les charites perdues.
O monde! et le chant clair des malheurs nouveaux!
Il nous a connus tous et nous a tous tous aime. Sachons, cette nuit
d'hiver, de cap en cap, du pole tumultueux au chateau, de la foule a la
plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le heler et le
voir, et le renvoyer, et sous les marees et au haut des deserts de
neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour.
IV
JEUNESSE
I
DIMANCHE
Les calculs de cote, l'inevitable descente du ciel, la visite des
souvenirs et la seance des rythmes occupent la demeure, la tete et le
monde de l'esprit.
--Un cheval detale sur le turf suburbain, le long des cultures et des
boisements, perce par la peste carbonique. Une miserable femme de drame,
quelque part dans le monde soupire apres les abandons improbables. Les
desperadves languissent apres l'orage, l'ivresse et les blessures. De
petits enfants etouffent des maledictions le long des rivieres.
Reprenons l'etude au bruit de l'oeuvre devorante qui se rassemble et se
monte dans les masses.
II
SONNET
_Homme_ de constitution ordinaire, la chair n'etait-elle pas un fruit
pendu dans le verger, o journees enfantes! le corps un tresor a
prodiguer; o aimer, le peril ou la force de Psyche? La terre avait des
versants fertiles en princes et en artistes, et la descendance et la
race nous poussaient aux crimes et aux deuils: ce monde votre fortune et
votre peril. Mais a present, le labeur comble, toi, tes calculs, toi,
tes impatiences, ne sont plus que votre danse et votre voix, non fixees
et point forcees, quoique d'un double evenement d'invention et de succes
une liaison, en l'humanite fraternelle est discrete par l'univers sans
images;--la force et le droit reflechissent la danse et la voix a
present seulement appreciees.
III
VINGT ANS
Les voix instructives exilees.