CHANT DE GUERRE PARISIEN
Le printemps est evident, car
Du coeur des Proprietes vertes
Le vol de Thiers et de Picard
Tient ses splendeurs grandes ouvertes.
Le printemps est evident, car
Du coeur des Proprietes vertes
Le vol de Thiers et de Picard
Tient ses splendeurs grandes ouvertes.
Rimbaud - Poesie Completes
--Petit Poucet reveur, j'egrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge etait a la Grande-Ourse;
--Mes etoiles au ciel avaient un doux frou-frou.
Et je les ecoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre ou je sentais des gouttes
De rosee a mon front, comme un vin de vigueur;
Ou, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les elastiques
De mes souliers blesses, un pied pres de mon coeur!
Octobre 1870.
ENTENDS COMME BRAME
Entends, comme brame
pres des acacias
en avril la rame
viride du pois!
Dans sa vapeur nette,
Vers Phoebe! tu vois
s'agiter la tete
de saints d'autrefois. . .
Loin des claires meules
des caps, des beaux toits,
ces chers Anciens veulent
ce philtre sournois. . .
Or ni feriale
ni astrale! n'est
la brume qu'exhale
ce nocturne effet.
Neanmoins ils restent,
--Sicile, Allemagne,
dans ce brouillard triste
et blemi, justement!
CHANT DE GUERRE PARISIEN
Le printemps est evident, car
Du coeur des Proprietes vertes
Le vol de Thiers et de Picard
Tient ses splendeurs grandes ouvertes.
O mai! Quels delirants cul-nus!
Sevres, Meudon, Bagneux, Asnieres,
Ecoutez donc les bienvenus
Semer les choses printanieres!
Ils ont schako, sabre et tamtam
Non la vieille boite a bougies
Et des yoles qui n'ont jam. . . jam. . .
Fendent le lac aux eaux rougies! . . .
Plus que jamais nous bambochons
Quand arrivent sur nos tanieres[1]
Crouler les jaunes cabochons
Dans des aubes particulieres.
Thiers et Picard sont des Eros
Des enleveurs d'heliotropes
Au petrole ils font des Corots.