Fantasque, un nez
poursuit
Venus au ciel profond.
Rimbaud - Poesie Completes
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Et le soir aux rayons de lune qui lui font
Aux contours du cul des bavures de lumiere,
Une ombre avec details s'accroupit sur un fond
De neige rose ainsi qu'une rose tremiere. . .
Fantasque, un nez poursuit Venus au ciel profond.
LES PAUVRES A L'EGLISE
Parques entre des bancs de chene, aux coins d'eglise
Qu'attiedit puamment leur souffle, tous leurs yeux
Vers le coeur ruisselant d'orrie et la maitrise
Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux;
Comme un parfum de pain humant l'odeur de cire,
Heureux, humilies comme des chiens battus,
Les Pauvres au bon Dieu, le patron et le sire,
Tendent leurs oremus risibles et tetus.
Aux femmes, c'est bien bon de faire des bancs lisses;
Apres les six jours noirs ou Dieu les fait souffrir!
Elles bercent, tordus dans d'etranges pelisses,
Des especes d'enfants qui pleurent a mourir;
Leurs seins crasseux dehors, ces mangeuses de soupe,
Une priere aux yeux et ne priant jamais,
Regardent parader mauvaisement un groupe
De gamines avec leurs chapeaux deformes.
Dehors, le froid, la faim, l'homme en ribote:
C'est bon. Encore une heure; apres, les maux sans nom
--Cependant, alentour, geint, nazille, chuchote
Une collection de vieilles a fanons;
Ces effares y sont et ces epileptiques
Dont on se detournait hier aux carrefours;
Et, fringalant du nez dans des missels antiques
Ces aveugles qu'un chien introduit dans les cours.
Et tous, bavant la foi mendiante et stupide,
Recitent la complainte infinie a Jesus
Qui reve en haut, jauni par le vitrail livide,
Loin des maigres mauvais et des mechants pansus,
Loin des senteurs de viande et d'etoffes moisies,
Farce prostree et sombre aux gestes repoussants;
--Et l'oraison fleurit d'expressions choisies,
Et les mysticites prennent des tons pressants,
Quand, des nefs ou perit le soleil, plis de soie
Banals, sourires verts, les Dames des quartiers
Distingues,--o Jesus! --les malades du foie
Font baiser leurs longs doigts jaunes aux benitiers.
1871
CE QUI RETIENT NINA
LUI
Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein? nous irions,
Ayant de l'air plein la narine,
Aux frais rayons
Du bon matin bleu qui vous baigne
Du vin de jour? . . .
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d'amour
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Fremir des chairs;
Tu plongerais dans la luzerne
Ton long peignoir,
Divine avec ce bleu qui cerne
Ton grand oeil noir,
Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou!
Riant a moi, brutal d'ivresse,
Qui te prendrais
Comme cela,--la belle tresse,
Oh! --qui boirais
Ton gout de framboise et de fraise,
O chair de fleur!
Et le soir aux rayons de lune qui lui font
Aux contours du cul des bavures de lumiere,
Une ombre avec details s'accroupit sur un fond
De neige rose ainsi qu'une rose tremiere. . .
Fantasque, un nez poursuit Venus au ciel profond.
LES PAUVRES A L'EGLISE
Parques entre des bancs de chene, aux coins d'eglise
Qu'attiedit puamment leur souffle, tous leurs yeux
Vers le coeur ruisselant d'orrie et la maitrise
Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux;
Comme un parfum de pain humant l'odeur de cire,
Heureux, humilies comme des chiens battus,
Les Pauvres au bon Dieu, le patron et le sire,
Tendent leurs oremus risibles et tetus.
Aux femmes, c'est bien bon de faire des bancs lisses;
Apres les six jours noirs ou Dieu les fait souffrir!
Elles bercent, tordus dans d'etranges pelisses,
Des especes d'enfants qui pleurent a mourir;
Leurs seins crasseux dehors, ces mangeuses de soupe,
Une priere aux yeux et ne priant jamais,
Regardent parader mauvaisement un groupe
De gamines avec leurs chapeaux deformes.
Dehors, le froid, la faim, l'homme en ribote:
C'est bon. Encore une heure; apres, les maux sans nom
--Cependant, alentour, geint, nazille, chuchote
Une collection de vieilles a fanons;
Ces effares y sont et ces epileptiques
Dont on se detournait hier aux carrefours;
Et, fringalant du nez dans des missels antiques
Ces aveugles qu'un chien introduit dans les cours.
Et tous, bavant la foi mendiante et stupide,
Recitent la complainte infinie a Jesus
Qui reve en haut, jauni par le vitrail livide,
Loin des maigres mauvais et des mechants pansus,
Loin des senteurs de viande et d'etoffes moisies,
Farce prostree et sombre aux gestes repoussants;
--Et l'oraison fleurit d'expressions choisies,
Et les mysticites prennent des tons pressants,
Quand, des nefs ou perit le soleil, plis de soie
Banals, sourires verts, les Dames des quartiers
Distingues,--o Jesus! --les malades du foie
Font baiser leurs longs doigts jaunes aux benitiers.
1871
CE QUI RETIENT NINA
LUI
Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein? nous irions,
Ayant de l'air plein la narine,
Aux frais rayons
Du bon matin bleu qui vous baigne
Du vin de jour? . . .
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d'amour
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Fremir des chairs;
Tu plongerais dans la luzerne
Ton long peignoir,
Divine avec ce bleu qui cerne
Ton grand oeil noir,
Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou!
Riant a moi, brutal d'ivresse,
Qui te prendrais
Comme cela,--la belle tresse,
Oh! --qui boirais
Ton gout de framboise et de fraise,
O chair de fleur!