--Il n'est donc point de mere a ces petits enfants,
De mere au frais sourire, aux regards triomphants?
De mere au frais sourire, aux regards triomphants?
Rimbaud - Poesie Completes
.
II
Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils ecoutent, pensifs, comme un lointain murmure. . .
Ils tressaillent souvent a la claire voix d'or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain metallique en son globe de verre. . .
--Puis, la chambre est glacee. . . on voit trainer a terre,
Epars autour des lits, des vetements de deuil:
L'apre bise d'hiver qui se lamente au seuil,
Souffle dans le logis son haleine morose!
On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose. . .
--Il n'est donc point de mere a ces petits enfants,
De mere au frais sourire, aux regards triomphants?
Elle a donc oublie, le soir, seule et penchee,
D'exciter une flamme a la cendre arrachee,
D'amonceler sur eux la laine et l'edredon
Avant de les quitter en leur criant: pardon.
Elle n'a point prevu la froideur matinale,
Ni bien ferme le seuil a la bise hivernale? . . .
--Le reve maternel, c'est le tiede tapis,
C'est le nid cotonneux ou les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches.
--Et la,--c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur
Ou les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur;
Un nid que doit avoir glace la bise amere. . .
III
Votre coeur l'a compris:--ces enfants sont sans mere,
Plus de mere au logis! --et le pere est bien loin! . . .
--Une vieille servante, alors, en a pris soin:
Les petits sont tout seuls en la maison glacee;
Orphelins de quatre ans, voila qu'en leur pensee
S'eveille, par degres, un souvenir riant.
II
Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils ecoutent, pensifs, comme un lointain murmure. . .
Ils tressaillent souvent a la claire voix d'or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain metallique en son globe de verre. . .
--Puis, la chambre est glacee. . . on voit trainer a terre,
Epars autour des lits, des vetements de deuil:
L'apre bise d'hiver qui se lamente au seuil,
Souffle dans le logis son haleine morose!
On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose. . .
--Il n'est donc point de mere a ces petits enfants,
De mere au frais sourire, aux regards triomphants?
Elle a donc oublie, le soir, seule et penchee,
D'exciter une flamme a la cendre arrachee,
D'amonceler sur eux la laine et l'edredon
Avant de les quitter en leur criant: pardon.
Elle n'a point prevu la froideur matinale,
Ni bien ferme le seuil a la bise hivernale? . . .
--Le reve maternel, c'est le tiede tapis,
C'est le nid cotonneux ou les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches.
--Et la,--c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur
Ou les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur;
Un nid que doit avoir glace la bise amere. . .
III
Votre coeur l'a compris:--ces enfants sont sans mere,
Plus de mere au logis! --et le pere est bien loin! . . .
--Une vieille servante, alors, en a pris soin:
Les petits sont tout seuls en la maison glacee;
Orphelins de quatre ans, voila qu'en leur pensee
S'eveille, par degres, un souvenir riant.