quel beau matin, que ce matin des
etrennes!
Rimbaud - Poesie Completes
.
.
--Le reve maternel, c'est le tiede tapis,
C'est le nid cotonneux ou les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches.
--Et la,--c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur
Ou les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur;
Un nid que doit avoir glace la bise amere. . .
III
Votre coeur l'a compris:--ces enfants sont sans mere,
Plus de mere au logis! --et le pere est bien loin! . . .
--Une vieille servante, alors, en a pris soin:
Les petits sont tout seuls en la maison glacee;
Orphelins de quatre ans, voila qu'en leur pensee
S'eveille, par degres, un souvenir riant. . .
C'est comme un chapelet qu'on egrene en priant:
--Ah!
quel beau matin, que ce matin des etrennes!
Chacun, pendant la nuit, avait reve des siennes
Dans quelque songe etrange ou l'on voyait joujoux,
Bonbons habilles d'or, etincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaitre encore!
On s'eveillait matin, on se levait joyeux,
La levre affriandee, en se frottant les yeux. . .
On allait, les cheveux emmeles sur la tete,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fete
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher. . .
On entrait! . . . Puis alors les souhaits. . . en chemise,
Les baisers repetes, et la gaite permise?
--Le reve maternel, c'est le tiede tapis,
C'est le nid cotonneux ou les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches.
--Et la,--c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur
Ou les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur;
Un nid que doit avoir glace la bise amere. . .
III
Votre coeur l'a compris:--ces enfants sont sans mere,
Plus de mere au logis! --et le pere est bien loin! . . .
--Une vieille servante, alors, en a pris soin:
Les petits sont tout seuls en la maison glacee;
Orphelins de quatre ans, voila qu'en leur pensee
S'eveille, par degres, un souvenir riant. . .
C'est comme un chapelet qu'on egrene en priant:
--Ah!
quel beau matin, que ce matin des etrennes!
Chacun, pendant la nuit, avait reve des siennes
Dans quelque songe etrange ou l'on voyait joujoux,
Bonbons habilles d'or, etincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaitre encore!
On s'eveillait matin, on se levait joyeux,
La levre affriandee, en se frottant les yeux. . .
On allait, les cheveux emmeles sur la tete,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fete
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher. . .
On entrait! . . . Puis alors les souhaits. . . en chemise,
Les baisers repetes, et la gaite permise?