Le
degagement
reve le brisement de la grace croisee de
violence nouvelle!
violence nouvelle!
Rimbaud - Poesie Completes
III
GENIE
Il est l'affection et le present puisqu'il a fait la maison ouverte a
l'hiver ecumeux et a la rumeur de l'ete, lui qui a purifie les boissons
et les aliments, lui qui est le charme des lieux fuyant et le delice
surhumain des stations. Il est l'affection et l'avenir, la force et
l'amour que nous, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons
passer dans le ciel de tempete et les drapeaux d'extase.
Il est l'amour, mesure parfaite et reinventee, raison merveilleuse et
imprevue, et l'eternite: machine aimee des qualites fatales. Nous avons
tous eu l'epouvante de sa concession et de la notre: o jouissance de
notre sante, elan de nos facultes, affection egoiste et passion pour
lui, lui qui nous aime pour sa vie infinie. . .
Et nous nous le rappelons et il voyage. . . Et si l'Adoration s'en va,
sonne, sa promesse sonne: <<Arriere ces superstitions, ces anciens corps,
ces menages et ces ages. C'est cette epoque-ci qui a sombre! >>
Il ne s'en ira pas, il ne redescendra pas d'un ciel, il n'accomplira pas
la redemption des coleres de femmes et des gaites des hommes et de tout
ce peche: car c'est fait, lui etant, et etant aime.
O ses souffles, ses tetes, ses courses; la terrible celerite de la
perfection des formes et de l'action.
O fecondite de l'esprit et immensite de l'univers!
Son corps!
Le degagement reve le brisement de la grace croisee de
violence nouvelle! sa vue, sa vue! tous les agenouillages anciens et les
peines _releves_ a sa suite.
Son jour! l'abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la
musique plus intense.
Son pas! les migrations plus enormes que les anciennes invasions.
O Lui et nous! l'orgueil plus bienveillant que les charites perdues.
O monde! et le chant clair des malheurs nouveaux!
Il nous a connus tous et nous a tous tous aime. Sachons, cette nuit
d'hiver, de cap en cap, du pole tumultueux au chateau, de la foule a la
plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le heler et le
voir, et le renvoyer, et sous les marees et au haut des deserts de
neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour.
IV
JEUNESSE
I
DIMANCHE
Les calculs de cote, l'inevitable descente du ciel, la visite des
souvenirs et la seance des rythmes occupent la demeure, la tete et le
monde de l'esprit.
--Un cheval detale sur le turf suburbain, le long des cultures et des
boisements, perce par la peste carbonique. Une miserable femme de drame,
quelque part dans le monde soupire apres les abandons improbables.