Vos
omoplates
se deboitent
O mes amours!
O mes amours!
Rimbaud - Poesie Completes
[1] Quand viennent sur nos fourmilieres (_var. de l'auteur_).
MES PETITES AMOUREUSES
Un hydrolat lacrymal lave
Les cieux vert-chou:
Sous l'arbre tendronnier qui bave
Vos caoutchoucs.
Blancs de lunes particulieres
Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouilleres
Mes laiderons!
Nous nous aimions a cette epoque,
Bleu laideron:
On mangeait des oeufs a la coque
Et du mouron!
Un soir tu me sacras poete,
Blond laideron.
Descends ici que je te fouette
En mon giron;
J'ai degueule ta bandoline
Noir laideron;
Tu couperais ma mandoline
Au fil du front.
Pouah! nos salives dessechees
Roux laideron
Infectent encor les tranchees
De ton sein rond!
O mes petites amoureuses
Que je vous hais!
Plaquez de fouffes douloureuses,
Vos tetons laids!
Pietinez mes vieilles terrines
De sentiment;
Hop donc soyez-moi ballerines
Pour un moment! . . .
Vos omoplates se deboitent
O mes amours!
Une etoile a vos reins qui boitent
Tournez vos tours.
Est-ce pourtant pour ces eclanches
Que j'ai rime!
Je voudrais vous casser les hanches
D'avoir aime!
Fade amas d'etoiles ratees
Comblez les coins
--Vous creverez en Dieu, batees
D'ignobles soins!
Sous les lunes particulieres
Aux pialats ronds
Entrechoquez vos genouillieres,
Mes laiderons!
LES POETES DE SEPT ANS
_A M. P. Demeny. _
Et la Mere, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et tres fiere sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'eminence,
L'ame de son enfant livree aux repugnances.
Tout le jour il suait d'obeissance; tres
Intelligent; pourtant des tics noirs, quelques traits,
Semblaient prouver en lui d'acres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
A l'aine, et dans ses yeux fermes voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir; a la lampe
On le voyait, la-haut qui ralait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'ete
Surtout, vaincu, stupide, il etait entete
A se renfermer dans la fraicheur des latrines:
Il pensait la, tranquille et livrant ses narines.
Quand, lave des odeurs du jour, le jardinet
Derriere la maison, en hiver s'illunait,
Gisant au pied d'un mur, enterre dans la marne
Et pour des visions ecrasant son oeil darne,
Il ecoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitie!